Symphonie atomique

Le monde d’après s’effondre.
Malgré l’odeur de fin des temps, des restes de civilisations subsistent, au bord du chaos, et chacun lutte pour donner du sens à sa vie. Les quatre modèles des puissances atomiques, aux abois, dominent cette désolation et se confrontent, prêts à en découdre : ultra-capitalisme américain, écologisme européen, nationalisme russe et totalitarisme social chinois. Dans ce climat délétère, l’équilibre ne tient plus qu’à un fil, sur le point de rompre.
Parmi le concert des forces nucléaires spatiales, l’Europe en Transition fait figure de naine. Pour autant, alors qu’émerge une crise dans la crise, le sort de l’Humanité va peut-être dépendre des décisions de deux de ses membres, que rien ne prédisposait à cela : Juan et Agathe.
Dans cette nouvelle ère, à l’Europe reconfigurée et où l’espace constitue le terrain névralgique des conflits, leurs actes vont faire écho à l’étrange soulèvement en cours dans les steppes d’Asie centrale – sous le commandement du jeune Ashkat –, et les confronter à l’énigme qu’incarne Ulan Moltov, l’âme de la rébellion, le cœur du jeu de poker à grande échelle qui débute.

Il faut décidément que je me lance plus souvent dans de la lecture de science-fiction parce que c’est un genre vers lequel je vais toujours un peu à reculons alors que je régale une fois que je suis lancée.
Dans ce roman-ci, nous sommes dans un futur proche, une Terre qui a vécu plusieurs catastrophes climatiques et qui n’a pas su les gérer et qui tente de survivre.

Quatre grandes puissances dominent le monde, ayant envoyé leur arsenal nucléaire en orbite pour délocaliser la menace.
Mais il y a aussi Ziusudra, une utopie survivaliste pour les très riches, qui a créé de grands complexes souterrains et dont le dirigeant n’attend que l’effondrement mondial pour que sa solution devienne la seule viable.
Et il y a aussi les autres, essentiellement invisibles mais qui nous sont incarnés par Ashkat, petit chef de clan qui se met au service d’un seigneur de guerre dans l’espoir de pouvoir reprendre du territoire plus au nord, à la Russie, et ainsi faire survivre son peuple.

On suit différents personnages, de différentes nationalités et l’éclatement des points de vue est très intéressant, mettant en avant les luttes de chacun.
Que ce soit dans l’espace, au fin fond du désert kazakhe, à Paris ou dans les sous-sols de Ziusudra, chacun cherche à gratter du pouvoir, pour lui, pour son pays, pour sa cause ou l’idéal qu’il défend. Chacun cherche à faire le bon choix, en hésitant parfois, ou en étant certain de ce qu’il fait.

On n’est pas dans un livre très joyeux, chaque chapitre étant introduit par un court témoignage diffusé sur Radio Collapse, la radio dont le slogan est « Soyez éco-responsable, suicidez-vous ».
Mais on est aussi dans un thriller assez bien ficelé dans lequel on essaie de comprendre ce qui se joue derrière cette crise nucléaire et de démêler les fils de ce mystère, le tout alors que le compte à rebours défile.
Je ne suis pas une professionnelle dans les armes nucléaires, je ne sais donc pas si la dissuasion nucléaire en orbite est vraiment crédible, mais ce roman est en tout cas remarquablement bien écrit, avec de bons personnages variés (ça fait du bien d’avoir une femme plus âgée que ce qu’on croise habituellement dans de tels récits), du suspens, une éco-anxiété très prenante et la peur que nous allions tout droit vers ce désastre.

Symphonie atomique
Étienne Cunge
Critic

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