Skam – Saison 3 : Isak

Pour cette entrée dans la deuxième année de lycée à Nissen, on quitte le groupe des filles pour s’intéresser à Isak, essentiellement connu jusque là pour être le meilleur ami de Jonas et avoir, plus ou moins par sa faute, foutu en l’air le couple d’Eva.

Alors qu’il clamait jusque là à qui voulait l’entendre qu’il n’était pas gay, Isak tombe sous le charme d’Even, un garçon plutôt mystérieux qui vient de faire son entrée en troisième année.
Even est inconnu sur tous les réseaux sociaux, la seule trace qui existe de lui est une vidéo tournée dans son ancien lycée dans lequel il exprime sa passion pour Baz Lurhman. Il a aussi une petite amie et il a raté une année de lycée.

Isak est grognon, Isak passe son temps à se cacher et Isak a tout le temps peur des réactions des autres. Le Casier d’Isak (oui, ce Casier mérite une majuscule) est donc une très bonne métaphore de son évolution vis à vis de sa sexualité et de son rapport aux autres tout au long de la saison.

Pourtant, Emma va le forcer à faire son coming out.
Alors, certes, tout se passe très bien, ses copains sont adorables (à tel point que leur seule interrogation quand Isak leur dit qu’il a une histoire avec Even, c’est de savoir la différence entre bisexualité et pansexualité)  et ses parents l’acceptent eux aussi facilement. Mais il n’a pas eu le choix.

Au delà de leurs échanges de vêtements, Even et Isak vont mettre à la mode deux choses très choupis : le bisou esquimau et le haussement de sourcils.

C’est d’ailleurs le seul reproche que je peux faire à cette saison, si vous n’êtes pas impliqué dans le couple phare de la saison, il y a peu de chance que vous passiez un bon moment même si d’autres réflexions sont quand même lancées à travers Eskild (Isak a récupéré la chambre de Noora, ce qui permet de garder ce lien au Kollektivet), mais surtout grâce à Sana.

Malgré tout, j’ai aimé retrouver Jonas, qui est adorable alors que je le trouvais imbuvable dans la première saison, et ce retour vers Isak implique l’apparition de nouveaux personnages avec le gang des garçons qui devient rapidement aussi iconique que celui des filles.

Mahdi est un vrai rayon de soleil et Magnus est … Magnus. Qui parle sans aucun filtre mais qui devient le porte parole de tous les spectateurs en incarnant un des personnages les plus metas que j’ai pu croiser dans une série télé.

Encore une fois, l’acteur a l’âge de son personnage.

Même si il est introduit assez tôt dans la saison, le deuxième arc émerge très tardivement avec la maladie d’Even.
Si elle est très justement traitée, la série n’en oublie pas pour autant que cette saison, c’est celle d’Isak, pas celle d’Even. Il doit apprendre à grandir, à s’accepter, à arrêter de vivre à travers les autres et enfin faire des choses pour lui même.
Et la conclusion est parfaite.

La saison 3 de Skam est la première que j’ai suivi en temps réel et autant vous dire que je ne l’ai pas du tout vécue de la même façon que les deux précédentes.

Tout d’abord, les échanges de textos et les photos Instagram ont beaucoup plus joué dans la chronologie.

Ceci est par exemple un texto que Vilde envoie à Isak pour s’excuser de ce qu’elle a pu dire précédemment sur Even (oui, c’est du Norvégien, Google Trad a énormément fonctionné).
Mine de rien, sans ça, on ne comprend pas pourquoi dans les clips suivants ces deux là ont une relation aussi détendue alors qu’ils venaient de se fâcher à ce sujet.

Dans le même style, dans celui-ci (après une divagation de Magnus à propos d’une application visionnant les vidéos Youtube à sa place), Isak apprend à ses copains que Vilde sera à la soirée du Kosegruppa, ce qui explique pourquoi ils y viennent alors qu’ils avaient dit dans le clip précédent que c’était le truc le plus ringard du monde.

L’autre point qui a beaucoup joué dans mon appréciation de cette saison, c’est le fandom qui s’est créé à ce moment là.
On a beaucoup analysé, disséqué chaque clip, on a discuté culture norvégienne, nourriture des adolescents (est ce que 25 krones c’est cher pour un toast au fromage ? oui) et on est même allé jusqu’à faire des superpositions de photos pour deviner à qui appartenaient les grains de beauté de certains personnages. Oui, jusque là …
A notre décharge, il faut dire que la symbolique a été encore plus importante dans cette saison que dans les précédentes, avec beaucoup de références à Romeo + Juliet ou Pretty Woman, les goûts cinématographiques d’Even étant aussi éclectiques que ses goûts musicaux…

Avec deux personnages principaux essentiellement branchés sur le hip hop des années 90, Gabrielle n’avait sans doute pas vu venir le fait que sa chanson deviendrait aussi culte.

Skam trouve donc encore plus d’intérêt quand on le suit comme ses producteurs l’ont voulu, en temps réel, à attendre les clips et les textos qui arrivent chaque jour.
Et elle m’a permis de découvrir deux excellents acteurs, Henrik Holm, qui m’a rendu amoureuse d’Even Bech Næsheim, de ses haussements de sourcils, de ses références pour lesquelles on s’est creusé la tête si longtemps, de sa maladie qu’il interprète si bien, du changement de perspective qu’il ouvre à la fin de la saison, et bien sûr Tarjei Sandvik Moe, 17 ans, lycéen au Hartvig Nissens d’Oslo, et qui joue Isak Valtersen, 17 ans, lycéen au Hartvig Nissens.
Comme quoi, ce n’est si compliqué que ça de rendre une série réaliste.

Je vous disais que la Norvège entière s’était passionnée pour la deuxième saison.
Sans trop m’avancer, je peux dire que c’est grâce à Isak que Skam a atteint une audience mondiale.

• Eva
• Noora